Voilà quelques lignes sur ce film Blueberry de Jan Kounen , qui vaut le déplacement, même si le chamanisme réel n'y trouve pas son compte ! Ceux qui aiment les westerns violents ne seront pas déçus ! Ceux qui ont aimé les BD de Jean-Michel Carlier et Jean Giraud, La mine de l’Allemand perdu et Le spectre aux balles d’or devront oublier ces albums pour apprécier le film. Ce qui surprendra le plus les accros, c’est l’introduction du chamanisme ! Voilà Blueberry, le cow-boy rebelle joué par Vincent Cassel, initié par un chaman ; il conquiert le pouvoir de l’Aigle et fait appel à son maître, l’Indien Runi, pour venir à bout du truand qui surgit de son passé et réveille les zones sombres, les monstres et les démons enfouis en lui. Si l’Allemand cherche l’or dans les territoires sacrés, Wally Blount, le bandit, sait que le véritable trésor est le pouvoir que confère l’initiation. Ceux qui ont, ne serait-ce qu’une fois, pris de l’ayahuesca, apprécieront les effets terribles de la potion que les deux hommes absorbent dans le temple situé au cœur des Montagnes Sacrées indiennes, interdites aux blancs. Les effets spéciaux sont extraordinaires ; ils imagent les visions fantastiques, voire fantasmatiques et délirantes, qui surgissent des entrailles d’hommes confrontés à leurs monstres intérieurs, leurs peurs, leurs violences, leur goût du meurtre, leurs désirs de vengeance, leurs haines, tout autant qu’à leurs désirs amoureux. Ceux qui ont quelque expérience de la quête de vision trouveront sans nul doute ces délires exagérés, à moins qu’ils ne soient effectivement descendus dans leur propre enfer. De toute façon le chamanisme est bien loin de cet univers de western, quoique... L’univers spirituel évoqué est intense, surprenant, magnifié par les magnifiques séquences visuelles, surtout lorsque l’Aigle plane au-dessus des déserts arides et des montagnes escarpées, aux gorges fascinantes. A chacun de voir s’il veut tenter l’aventure de la vision de ce film. Comme l’écran de cinéma ne garde nulles traces des violences et des joies, des meurtres et des amours qui le remplissent durant cette projection, ainsi en est-il des visions que nous pouvons avoir en état de conscience accru, tout comme des rêves, et des phénomènes que nous connaissons à l’état de veille. Toutes les existences ne sont-elles pas ainsi, illusions, mirages, magies, à jamais vides, semblables aux rêves ? « La manifestation est aussi une illusion, l’illusion divine. La réalité matérielle est impermanente pour qui sait voir. Toutes les formes sont en incessante transformation. La conscience aiguë de cette vérité est libératrice.[1] » Les effets spéciaux peuvent accélérer notre prise de conscience de cette impermanence. Mais le film chamanique par excellence, c'est... Frère des Ours de Walt Dysney ! Oui ! De quoi réjouir votre âme d'enfant... Il y est question des animaux totémiques, de l'initiation, des Esprits... oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooRobert Régor Mougeot. -------------------------------------------------------------------------------- [1] - Renard Agile, in Patrick Dacquay - Renaissance du chamanisme occidental - Ed. Tourmaline, 2003, p. 303. |
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